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Daniil Harms. J’ai longtemps regardé les arbres verts

soutine, arbre

 

J’ai longtemps regardé les arbres verts.
Le calme remplissait mon âme.
Il continue à ne pas y avoir de grandes pensées unies.
Les mêmes lambeaux, bribes et miettes.
Tantôt éclatera un désir terrestre,
Tantôt se tendra la main vers le livre distrayant,
Tantôt je saisis une feuille de papier,
Mais aussitôt un doux sommeil frappe à ma tête.
Je m’assois près de la fenêtre dans un fauteuil profond.
Je regarde l’horloge, j’allume ma pipe,
Mais aussitôt je bondis et je vais à ma table,
Je m’assois sur une chaise dure et me roule une cigarette.
Je vois une petite araignée courir sur le mur,
Je la suis, je ne peux pas en détacher les yeux.
Elle m’empêche de prendre la plume.
Tuer l’araignée !
J’ai la flemme de me lever.
À présent je regarde en moi-même,
Mais c’est vide, monotone et ennuyeux,
La vie intense ne bat nulle part,
Tout est flétri et somnole comme de la paille humide.
Voilà, j’étais en moi-même
Et maintenant je suis devant vous.
Vous attendez que je raconte mon voyage.
Mais je me tais, car je n’ai rien vu.
Laissez-moi et permettez que je regarde tranquillement les arbres verts
Alors, peut-être, le calme remplira mon âme.
Alors, peut-être, mon âme se réveillera,
Et je m’éveillerai, et une vie intense battra en moi.

2 août 1937


Original : Хармс - Я долго смотрел на зеленые деревья.pdf

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