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Ingmar Bergman sur une des origines de Persona

Ingmar Bergman,persona

Si nous parlions un moment du gosse dans le film ? En travaillant au scénario de Persona, j’avais cette idée assez vague de faire un poème, pas avec des mots mais avec des images, un poème sur la situation qui a donné naissance à ce film. J’ai donc dégagé les éléments essentiels, et j’ai commencé à mettre mon petit projecteur intérieur en route, mais bien vite je devais m’apercevoir que les idées qui passaient ainsi dans ma tête étaient déjà anciennes. C’était le Dieu-araignée, les agneaux de Dieu, et autres histoires ennuyeuses du même genre. Je vivais à l’époque à proximité des morts, entre quatre murs de brique, avec quelques arbres tristes à l’extérieur.

Quand on vit dans un hôpital, on ressent les morts à travers les fins fonds de la foi. J’avais d’ailleurs vue sur la morgue, où les petits cercueils se succédaient, il en entrait, il en sortait.

J’ai essayé autre chose. Pour tenter de trouver l’inspiration, j’ai joué au petit garçon qui est mort, mais malheureusement il ne peut pas être tout à fait mort, car il est tout le temps réveillé par des coups de téléphone du Dramaten. Au comble de l’impatience, j’ai alors pris un livre, et la lecture du Héros de notre temps me semblait convenir parfaitement à un fonctionnaire « stressé ». Oui, c’est trivial et banal ce que je vous raconte-là, mais c’est comme ça que ça se passe. Et, tout à coup, subitement, on voit deux visages qui entrent l’un dans l’autre, et le film est né. Ensuite, on peut interpréter ça comme on veut. Exactement comme pour les poèmes. L’image signifie des choses différentes pour des êtres différents.

 

Le Cinéma selon Bergman, « Entretiens recueillis par S ; Björkman, T. Manns, J. Sima », Seghers, Paris, 1973, p.246-247

 

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