Franz Kafka. Les Aphorismes de Zürau 3/3
81 Personne ne peut demander ce qui en fin de compte lui nuit. Si cette apparence se produit tout de même chez des gens – et peut-être se produit-elle toujours –, cela explique pourquoi quelqu’un demande quelque chose en l’être humain, qui certes est utile à ce quelqu’un, mais qui nuit gravement à un second quelqu’un, à qui, dans une certaine mesure, il a été fait appel pour juger le cas. Si l’homme s’était mis d’emblée du côté du second quelqu’un, et pas seulement lors du jugement, le premier quelqu’un aurait cessé d’exister et la demande avec lui. [i]
82 Pourquoi se plaint-on du péché originel? Ce n’est pas par son fait que nous avons été expulsés du paradis, sinon à cause de l’arbre de la vie, afin que nous ne mangions pas de lui. [ii]
83 Nous ne sommes pas pécheurs que parce que nous avons mangé de l’arbre de la connaissance, mais aussi parce que nous n’avons pas encore mangé de l’arbre de la vie. Pécheur est l’état dans lequel nous nous trouvons indépendamment de la faute. [iii]
84 Nous avons été créés pour vivre au paradis, le paradis était destiné à nous servir. Notre destinée a été changée ; qu’il soit arrivé la même chose à la destinée du paradis n’a pas été dit. [iv]
85 Le Mal est une émanation de la conscience humaine dans des positions de transition déterminées. Ce n’est pas à proprement parler le monde sensible qui est une apparence, mais son Mal, qui constitue en effet le monde sensible pour nos yeux. [v]
86 Depuis le péché originel, nous sommes essentiellement égaux dans la capacité de connaissance du Bien et du Mal ; pourtant, nous cherchons précisément là nos avantages particuliers. Mais c’est seulement au-delà de cette connaissance que commencent les véritables distinctions. L’apparence contraire est suscitée par ce qui suit : personne ne peut se contenter de la seule connaissance, mais doit s’efforcer d’agir en accord avec elle. Pour cela, cependant, la force ne lui a pas été octroyée, il doit donc se détruire, même au risque de ne pas obtenir la force nécessaire ; mais il ne lui reste rien d’autre que cette dernière tentative. (C’est aussi le sens de la menace de mort dans l’interdiction de manger de l’arbre de la connaissance ; c’est peut-être aussi le sens originel de la mort naturelle.) Devant cette tentative, il a peur ; il préfère annuler la connaissance du Bien et du Mal (la désignation « péché originel » procède de cette peur) ; pourtant, ce qui s’est passé ne peut pas être annulé, mais seulement troublé. C’est dans ce but que surgissent les motivations. Le monde entier en est plein, même le monde visible n’est peut-être rien d’autre qu’une motivation d’un homme désireux d’un instant de tranquillité. Une tentative de falsifier le fait de la connaissance, de faire d’abord de la connaissance un but. [vi]
87 Une croyance comme une guillotine, aussi lourde, aussi légère. [vii]
88 La mort est devant nous, un peu comme un tableau de la bataille d’Alexandre sur le mur de la salle de classe. Il s’agit, par nos actes dans cette vie même, d’obscurcir encore le tableau ou de l’effacer complètement. [viii]
89 Un homme possède le libre arbitre, et, qui plus est, de trois sortes : en premier lieu, il était libre quand il voulut cette vie ; maintenant, toutefois, il ne peut plus faire marche arrière, car il n’est plus celui qui la voulait autrefois ; il ne l’est que dans la mesure où, en vivant, il réalise sa volonté d’alors.
En second lieu, il est libre parce qu’il peut choisir la manière de marcher et le chemin de cette vie.
En troisième lieu, il est libre parce qu’il a la volonté, comme celui qui sera à nouveau un jour, de marcher à travers la vie, quelles que soient les conditions, et d’arriver ainsi jusqu’à soi-même, même si c’est par un chemin qui, bien qu’éligible, est si labyrinthique qu’il ne laisse aucun endroit de la vie intouchée.
Ce sont les trois sortes de libre arbitre, mais c’est aussi, puisque cela se produit simultanément, une unité, et c’est au fond une telle unité qu’il n’y a pas de place pour une volonté, ni libre ni non libre. [ix]
90 Deux possibilités : se faire infiniment petit ou l’être. La seconde est perfection, donc inaction, la première, commencement, donc acte. [x]
91 Pour éviter une erreur de mot : ce qui doit être activement détruit doit être avant parfaitement consolidé ; ce qui s’effrite, s’effrite, mais ne peut pas être détruit. [xi]
92 La première adoration des idoles était certainement peur des choses, mais aussi, lié à cela, peur de la nécessité des choses et, lié à cela, peur de la responsabilité à l’égard des choses. Cette responsabilité parut si énorme que pas une fois on n’osa l’attribuer à un être surhumain unique, car même à travers la médiation d’un être, la responsabilité humaine n’aurait pas été suffisamment allégée, les relations avec un être unique auraient été encore trop entachées de responsabilité ; c’est la raison pour laquelle on attribua à chaque chose la responsabilité d’elle-même, qui plus est, on attribua aussi à ces choses une responsabilité relative à l’égard des humains. [xii]
93 De la psychologie pour la dernière fois ! [xiii]
[Ou bien]
De la psychologie une dernière fois !
94 Deux tâches du début de la vie : réduire toujours plus ton cercle et vérifier encore et toujours si tu ne te trouves pas caché quelque part hors de ton cercle. [xiv]
95 Le Mal est parfois dans la main comme un outil ; qu’il soit reconnu ou non, il permet qu’on le mette de côté sans résistance, si l'on possède la volonté de le faire. [xv]
96 Les joies de cette vie ne sont pas les siennes, mais notre peur de l’ascension à une vie supérieure ; les tourments de cette vie ne sont pas les siens, mais le tourment qu’on s’inflige à cause de cette peur. [xvi]
97 C’est seulement ici que la souffrance est souffrance. Non pas de telle manière que ceux qui souffrent ici doivent être élevés ailleurs pour cette souffrance, mais parce que ce qu’en ce monde nous appelons souffrir est, dans un autre monde, inaltéré et libéré de son opposition, béatitude. [xvii]
98 La représentation de l’infini et de la plénitude du cosmos est le résultat du mélange poussé à l’extrême de pénible création et de libre méditation sur soi. [xviii]
99 Combien plus oppressante que la conviction la plus impitoyable de notre actuel état de péché est la plus faible conviction de l’ancienne et éternelle justification de notre temporalité. Seule la force de supporter cette seconde conviction, qui dans sa pureté comprend entièrement la première, constitue la mesure de la foi. Certains supposent qu’à côté de la grande escroquerie originelle est organisée, dans chaque cas, spécialement pour eux, une petite escroquerie particulière, comme si, quand une pièce d’amour est jouée sur scène, l’actrice, en plus du sourire hypocrite pour son amant, avait aussi un sourire sournois particulier pour un spectateur précis de la galerie la plus éloignée. Ce serait aller trop loin. [xix]
100 Il peut y avoir une connaissance du démoniaque, mais aucune foi en lui, car il n’y a pas plus démoniaque que ce qu’il y a ici. [xx]
101 Le péché apparaît toujours ouvertement et il peut être appréhendé immédiatement par les sens. Il va jusqu’à ses racines et il ne doit pas être arraché. [xxi]
102 Nous aussi, nous devons endurer toutes les souffrances autour de nous. Nous tous n’avons pas un corps en commun, mais une croissance, et cela nous fait passer par toutes les douleurs, que ce soit sous une forme ou sous une autre. Comme un enfant se développe à travers tous les stades de la vie jusqu’à la vieillesse et la mort (et chaque stade paraît inatteignable au précédent, que ce soit par le désir ou par la peur), nous nous développons (au moins aussi profondément unis à l’humanité qu’à nous-mêmes) à travers toutes les souffrances de ce monde. Il n’y a pas de place pour la justice dans ce contexte, pas plus que pour la peur de la souffrance ou pour l’interprétation de la souffrance comme un mérite. [xxii]
103 Tu peux te tenir à l’écart des souffrances du monde, on te laisse la liberté de le faire et cela correspond à ta nature, mais peut-être cet éloignement est-il justement l’unique souffrance que tu pourrais éviter. [xxiii]
105 Le moyen de séduction de ce monde et le signe de la garantie que ce monde n’est qu’un passage sont la même chose. À juste titre, car c’est seulement ainsi que peut nous séduire ce monde, et cela correspond à la vérité. Mais le pire est qu’après la séduction réussie nous oublions la garantie, et ainsi le Bien nous attire dans le Mal de la même manière que le regard de la femme nous attire dans son lit. [xxiv]
106 L’humilité donne à chacun, y compris au solitaire désespéré, la relation la plus forte avec son prochain, immédiatement qui plus est, toutefois seulement dans le cas d’une humilité complète et durable. L’humilité peut atteindre cela parce qu’elle est la véritable langue de la prière, en même temps adoration et lien le plus fort. La relation avec le prochain est la relation de la prière ; la relation à soi, la relation de l’aspiration ; la force pour l’aspiration est puisée dans la prière.
Peux-tu connaître autre chose que la duperie ? Si un jour la duperie était anéantie, tu ne pourrais pas regarder, ou tu te transformerais en statue de sel. [xxv]
107 Tous sont très aimables avec A., comme si quelqu’un essayait de protéger soigneusement un excellent billard des joueurs, même bons, jusqu’à ce que le grand joueur arrive, examine la table avec attention, ne tolère aucun défaut, alors qu’ensuite, quand il commence à jouer, il se déchaîne sans le moindre scrupule. [xxvi]
108 « Il retourna alors à son travail comme si de rien n’était. » Cette observation nous est familière parce qu’elle procède d’une grande quantité obscure de vieux récits, même si elle n’apparaît peut-être dans aucun d’eux. [xxvii]
109 « On ne peut pas dire que la foi nous manque. Le simple fait de notre vie est inépuisable en sa valeur pour la foi. » « Y aurait-il ici quelque chose digne de la foi ? On ne peut pourtant pas ne-pas-vivre. » « C’est précisément dans ce “ne peut pourtant pas” que se trouve la force démentielle de la foi ; elle prend forme dans cette négation. »
Il n’est pas nécessaire que tu sortes chez toi. Reste à ta table et écoute. N’écoute même pas, attends seulement. N’attends même pas, sois absolument silencieux et seul. Le monde viendra s’offrir à toi pour être démasqué, il ne peut pas faire autrement, il se tordra en extase devant toi. [xxviii]
[i] Niemand kann verlangen, was ihm im letzten Grunde schadet. Hat es beim einzelnen Menschen doch diesen Anschein – und den hat es vielleicht immer –, so erklärt sich dies dadurch, daß jemand im Menschen etwas verlangt, was diesem Jemand zwar nützt, aber einem zweiten Jemand, der halb zur Beurteilung des Falles herangezogen wird, schwer schadet. Hätte sich der Mensch gleich anfangs, nicht erst bei der Beurteilung auf Seite des zweiten Jemand gestellt, wäre der erste Jemand erloschen und mit ihm das Verlangen.
[ii] Warum klagen wir wegen des Sündenfalles? Nicht seinetwegen sind wir aus dem Paradiese vertrieben worden, sondern wegen des Baumes des Lebens, damit wir nicht von ihm essen.
[iii] Wir sind nicht nur deshalb sündig, weil wir vom Baum der Erkenntnis gegessen haben, sondern auch deshalb, weil wir vom Baum des Lebens noch nicht gegessen haben. Sündig ist der Stand, in dem wir uns befinden, unabhängig von Schuld.
[iv] Wir wurden geschaffen, um im Paradies zu leben, das Paradies war bestimmt, uns zu dienen. Unsere Bestimmung ist geändert worden; daß dies auch mit der Bestimmung des Paradieses geschehen wäre, wird nicht gesagt.
[v] Das Böse ist eine Ausstrahlung des menschlichen Bewußtseins in bestimmten Übergangsstellungen. Nicht eigentlich die sinnliche Welt ist Schein, sondern ihr Böses, das allerdings für unsere Augen die sinnliche Welt bildet.
[vi] Seit dem Sündenfall sind wir in der Fähigkeit zur Erkenntnis des Guten und Bösen im Wesentlichen gleich; trotzdem suchen wir gerade hier unsere besonderen Vorzüge. Aber erst jenseits dieser Erkenntnis beginnen die wahren Verschiedenheiten. Der gegenteilige Schein wird durch folgendes hervorgerufen: Niemand kann sich mit der Erkenntnis allein begnügen, sondern muß sich bestreben, ihr gemäß zu handeln. Dazu aber ist ihm die Kraft nicht mitgegeben, er muß daher sich zerstören, selbst auf die Gefahr hin, sogar dadurch die notwendige Kraft nicht zu erhalten, aber es bleibt ihm nichts anderes übrig, als dieser letzte Versuch. (Das ist auch der Sinn der Todesdrohung beim Verbot des Essens vom Baume der Erkenntnis; vielleicht ist das auch der ursprüngliche Sinn des natürlichen Todes.) Vor diesem Versuch nun fürchtet er sich; lieber will er die Erkenntnis des Guten und Bösen rückgängig machen (die Bezeichnung »Sündenfall« geht auf diese Angst zurück); aber das Geschehene kann nicht rückgängig gemacht, sondern nur getrübt werden. Zu diesem Zweck entstehen die Motivationen. Die ganze Welt ist ihrer voll, ja die ganze sichtbare Welt ist vielleicht nichts anderes als eine Motivation des einen Augenblick lang ruhenwollenden Menschen. Ein Versuch, die Tatsache der Erkenntnis zu fälschen, die Erkenntnis erst zum Ziel zu machen.
[vii] Ein Glaube wie ein Fallbeil, so schwer, so leicht.
[viii] Der Tod ist vor uns, etwa wie im Schulzimmer an der Wand ein Bild der Alexanderschlacht. Es kommt darauf an, durch unsere Taten noch in diesem Leben das Bild zu verdunkeln oder gar auszulöschen.
[ix] Ein Mensch hat freien Willen, und zwar dreierlei: Erstens war er frei, als er dieses Leben wollte; jetzt kann er es allerdings nicht mehr rückgängig machen, denn er ist nicht mehr jener, der es damals wollte, es wäre denn insoweit, als er seinen damaligen Willen ausführt, indem er lebt.
Zweitens ist er frei, indem er die Gangart und den Weg dieses Lebens wählen kann.
Drittens ist er frei, indem er als derjenige, der einmal wieder sein wird, den Willen hat, sich unter jeder Bedingung durch das Leben gehen und auf diese Weise zu sich kommen zu lassen, und zwar auf einem zwar wählbaren, aber jedenfalls derartig labyrinthischen Weg, daß er kein Fleckchen dieses Lebens unberührt läßt.
Das ist das Dreierlei des freien Willens, es ist aber auch, da es gleichzeitig ist, ein Einerlei und ist im Grunde so sehr Einerlei, daß es keinen Platz hat für einen Willen, weder für einen freien noch unfreien.
[x] Zwei Möglichkeiten: sich unendlich klein machen oder es sein. Das zweite ist Vollendung, also Untätigkeit, das erste Beginn, also Tat.
[xi] Zur Vermeidung eines Wortirrtums: Was tätig zerstört werden soll, muß vorher ganz fest gehalten worden sein; was zerbröckelt, zerbröckelt, kann aber nicht zerstört werden.
[xii] Die erste Götzenanbetung war gewiß Angst vor den Dingen, aber damit zusammenhängend Angst vor der Notwendigkeit der Dinge und damit zusammenhängend Angst vor der Verantwortung für die Dinge. So ungeheuer erschien diese Verantwortung, daß man sie nicht einmal einem einzigen Außermenschlichen aufzuerlegen wagte, denn auch durch Vermittlung eines Wesens wäre die menschliche Verantwortung noch nicht genug erleichtert worden, der Verkehr mit nur einem Wesen wäre noch allzusehr von Verantwortung befleckt gewesen, deshalb gab man jedem Ding die Verantwortung für sich selbst, mehr noch, man gab diesen Dingen auch noch eine verhältnismäßige Verantwortung für den Menschen.
[xiii] Zum letztenmal Psychologie!
[xiv] Zwei Aufgaben des Lebensanfangs: Deinen Kreis immer mehr einschränken und immer wieder nachprüfen, ob du dich nicht irgendwo außerhalb deines Kreises versteckt hältst.
[xv] Das Böse ist manchmal in der Hand wie ein Werkzeug, erkannt oder unerkannt läßt es sich, wenn man den Willen hat, ohne Widerspruch zur Seite legen.
[xvi] Die Freuden dieses Lebens sind nicht die seinen, sondern unsere Angst vor dem Aufsteigen in ein höheres Leben; die Qualen dieses Lebens sind nicht die seinen, sondern unsere Selbstqual wegen jener Angst.
[xvii] Nur hier ist Leiden Leiden. Nicht so, als ob die, welche hier leiden, anderswo wegen dieses Leidens erhöht werden sollen, sondern so, daß das, was in dieser Welt leiden heißt, in einer andern Welt, unverändert und nur befreit von seinem Gegensatz, Seligkeit ist.
[xviii] Die Vorstellung von der unendlichen Weite und Fülle des Kosmos ist das Ergebnis der zum Äußersten getriebenen Mischung von mühevoller Schöpfung und freier Selbstbesinnung.
[xix] Wieviel bedrückender als die unerbittlichste Überzeugung von unserem gegenwärtigen sündhaften Stand ist selbst die schwächste Überzeugung von der einstigen, ewigen Rechtfertigung unserer Zeitlichkeit. Nur die Kraft im Ertragen dieser zweiten Überzeugung, welche in ihrer Reinheit die erste voll umfaßt, ist das Maß des Glaubens. Manche nehmen an, daß neben dem großen Urbetrug noch in jedem Fall eigens für sie ein kleiner besonderer Betrug veranstaltet wird, daß also, wenn ein Liebesspiel auf der Bühne aufgeführt wird, die Schauspielerin außer dem verlogenen Lächeln für ihren Geliebten auch noch ein besonders hinterhältiges Lächeln für den ganz bestimmten Zuschauer auf der letzten Galerie hat. Das heißt zu weit gehen.
[xx] Es kann ein Wissen vom Teuflischen geben, aber keinen Glauben daran, denn mehr Teuflisches, als da ist, gibt es nicht.
[xxi] Die Sünde kommt immer offen und ist mit den Sinnen gleich zu fassen. Sie geht auf ihren Wurzeln und muß nicht ausgerissen werden.
[xxii] Alle Leiden um uns müssen auch wir leiden. Wir alle haben nicht einen Leib, aber ein Wachstum, und das führt uns durch alle Schmerzen, ob in dieser oder jener Form. So wie das Kind durch alle Lebensstadien bis zum Greis und zum Tod sich entwickelt (und jenes Stadium im Grunde dem früheren, im Verlangen oder in Furcht unerreichbar scheint) ebenso entwickeln wir uns (nicht weniger tief mit der Menschheit verbunden als mit uns selbst) durch alle Leiden dieser Welt. Für Gerechtigkeit ist in diesem Zusammenhang kein Platz, aber auch nicht für Furcht vor den Leiden oder für die Auslegung des Leidens als eines Verdienstes.
[xxiii] Du kannst dich zurückhalten von den Leiden der Welt, das ist dir freigestellt und entspricht deiner Natur, aber vielleicht ist gerade dieses Zurückhalten das einzige Leid, das du vermeiden könntest.
[xxiv] Das Verführungsmittel dieser Welt sowie das Zeichen der Bürgschaft dafür, daß diese Weit nur ein Übergang ist, ist das gleiche. Mit Recht, denn nur so kann uns diese Welt verführen und es entspricht der Wahrheit. Das Schlimmste ist aber, daß wir nach geglückter Verführung die Bürgschaft vergessen und so eigentlich das Gute uns ins Böse, der Blick der Frau in ihr Bett gelockt hat.
[xxv] Die Demut gibt jedem, auch dem einsam Verzweifelnden, das stärkste Verhältnis zum Mitmenschen, und zwar sofort, allerdings nur bei völliger und dauernder Demut. Sie kann das deshalb, weil sie die wahre Gebetsprache ist, gleichzeitig Anbetung und festeste Verbindung. Das Verhältnis zum Mitmenschen ist das Verhältnis des Gebetes, das Verhältnis zu sich das Verhältnis des Strebens; aus dem Gebet wird die Kraft für das Streben geholt.
Kannst du denn etwas anderes kennen als Betrug? Wird einmal der Betrug vernichtet, darfst du ja nicht hinsehen oder wirst zur Salzsäule.
[xxvi] Alle sind zu A. sehr freundlich, so etwa wie man ein ausgezeichnetes Billard selbst vor guten Spielern sorgfältig zu bewahren sucht, solange bis der große Spieler kommt, das Brett genau untersucht, keinen vorzeitigen Fehler duldet, dann aber, wenn er selbst zu spielen anfängt, sich auf die rücksichtsloseste Weise auswütet.
[xxvii] »Dann aber kehrte er zu seiner Arbeit zurück, so wie wenn nichts geschehen wäre.« Das ist eine Bemerkung, die uns aus einer unklaren Fülle alter Erzählungen geläufig ist, obwohl sie vielleicht in keiner vorkommt.
[xxviii] »Daß es uns an Glauben fehle, kann man nicht sagen. Allein die einfache Tatsache unseres Lebens ist in ihrem Glaubenswert gar nicht auszuschöpfen.« »Hier wäre ein Glaubenswert? Man kann doch nicht nicht-leben.« »Eben in diesem ›kann doch nicht‹ steckt die wahnsinnige Kraft des Glaubens; in dieser Verneinung bekommt sie Gestalt.«
Es ist nicht notwendig, daß du aus dem Hause gehst. Bleib bei deinem Tisch und horche. Horche nicht einmal, warte nur. Warte nicht einmal, sei völlig still und allein. Anbieten wird sich dir die Welt zur Entlarvung, sie kann nicht anders, verzückt wird sie sich vor dir winden.