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05/07/2014

Franz Kafka. Les Aphorismes de Zürau 1/3

Considérations sur le péché, la souffrance, l'espérance et le vrai chemin

 

 

Kafka,Guttuso Renato
Guttuso Renato - Portrait de Kafka (détail)

 


1 Le véritable chemin passe par-dessus une corde qui n’est pas tendue en hauteur, mais à peine au-dessus du sol. Elle semble plus faite pour faire trébucher que pour être franchie. [i]

 

2 Toutes les erreurs humaines sont l’impatience, une rupture prématurée du méthodique, une clôture apparente de la chose apparente. [ii]

 

3 Il y a deux péchés humains principaux, desquels découlent toutes les autres : l’impatience et la nonchalance. À cause de l’impatience, ils ont été chassés du Paradis ; à cause de la nonchalance, ils n’y retournent pas. Mais peut-être n’y a-t-il qu’un péché principal : l’impatience. À cause de l’impatience, ils en ont été chassés ; à cause de l’impatience, ils n’y retournent pas. [iii]

 

4 Beaucoup d’ombres de défunts ne s’occupent que de lécher les flots du fleuve des morts, parce qu’il vient de chez nous et conserve le goût salé de nos mers. Le fleuve se hérisse alors de dégoût, inverse son cours et ramène les morts à la vie. Ils sont heureux cependant, ils chantent leur gratitude et caressent les eaux indignées. [iv]

 

5 Passé un certain point, il n’y a plus de retour. Il faut atteindre ce point. [v]

 

6 L’instant décisif du développement humain a lieu tout le temps. C’est pourquoi les mouvements intellectuels révolutionnaires qui déclarent la nullité de tout ce qui précède ont raison, car rien n’a encore eu lieu. [vi]

 

7 Un des moyens de séduction du Mal les plus efficaces est l’invitation au combat. [vii]

 

8 Il est comme le combat contre les femmes, qui finit au lit. [viii]

 

9 A est bouffi d’orgueil, il croit avoir beaucoup avancé dans le Bien, puisque, apparemment en sa qualité d’objet de plus en plus attrayant,  il se sent sollicité par toujours plus de tentations venant de directions qui, jusque-là, lui était tout à fait inconnues. [ix]

 

10 L’explication correcte, cependant, est qu’un grand démon a pris place en lui et que la multitude des petits s’approche pour servir le grand. [x]

 

11/12 La diversité des perceptions qu’on peut avoir d’une pomme, par exemple : la perception du petit garçon qui doit tendre le cou pour voir tout juste la pomme sur la table, et la perception du maître de maison qui prend la pomme et la tend librement à son commensal. [xi]

 

13 Un premier signe d’une connaissance naissante est le souhait de mourir. Cette vie semble insupportable, une autre, inaccessible. On n’a plus honte de vouloir mourir ; on demande à être transféré de la vieille cellule, que l’on hait, à une nouvelle, que l’on apprendra d’abord à haïr. Un reste de foi y apporte son concours, pendant le transport le maître passera par hasard dans le couloir, verra le prisonnier et dira : « Celui-ci, vous ne devez pas l’enfermer à nouveau. Il vient chez moi. » [xii]

 

14 Si tu marchais sur une plaine, tu aurais la bonne volonté d’avancer et pourtant tu ferais des pas en arrière, ce serait une situation désespérée ; mais comme tu grimpes sur une pente raide, aussi raide que toi-même vu d’en bas, les pas en arrière ne peuvent avoir été causés que par la disposition du sol, et tu ne dois pas désespérer. [xiii]

 

15 Comme un chemin en automne : à peine est-il balayé qu’il se recouvre à nouveau de feuilles mortes. [xiv]

 

16 Une cage allait à la recherche d’un oiseau. [xv]

 

17 Je n’avais encore jamais été à cet endroit : la respiration est différente, une étoile plus éblouissante que le soleil rayonne à côté de lui. [xvi]

 

18 S’il avait été possible de construire la tour de Babel sans l’escalader, cela aurait été permis. [xvii]

 

19 Ne laisse pas le Mal te faire croire que tu peux avoir des secrets pour lui. [xviii]

 

20 Les léopards s’introduisent dans le temple et boivent jusqu’au bout les jarres d’offrandes ; ce phénomène se répète sans cesse ; finalement il devient prévisible, et il s’intègre à la cérémonie. [xix]

 

21 Aussi fermement que la main tient la pierre. Mais elle ne la tient fermement que pour la jeter plus loin. Cependant, le chemin conduit aussi à ce lointain. [xx]

 

22 Tu es le devoir. Pas d’écolier à l’horizon. [xxi]

 

23 Le véritable adversaire te transmet un courage sans limites. [xxii]

 

24 Comprendre cette chance que le sol sur lequel tu te tiens ne peut être plus grand que les deux pieds qui le recouvrent. [xxiii]

 

25 Comment peut-on se réjouir du monde à moins de se réfugier en lui ? [xxiv]

 

26 Les cachettes sont innombrables, le salut unique, mais les possibilités de salut sont aussi nombreuses que les cachettes. Il y a un but, mais pas de chemin ; ce que nous appelons chemin est l’hésitation. [xxv]

 

27 Faire le négatif nous est imposé ; le positif nous a déjà été donné. [xxvi]

 

28 Une fois que l’on a accueilli le Mal en soi, il n’exige plus qu’on croie en lui. [xxvii]

 

29 Les arrière-pensées avec lesquelles tu accueilles le Mal en toi ne sont pas les tiennes, mais celles du Mal. L’animal arrache le fouet au maître et se fouette lui-même pour devenir le maître, et il ne sait pas que ce n’est qu’une imagination engendrée par un nouveau nœud sur la lanière du fouet du maître. [xxviii]

 

30 Le Bien, en un certain sens, n’offre aucune consolation. [xxix]

 

31 Je n’aspire pas à la maîtrise de soi. La maîtrise de soi veut dire : vouloir agir sur un endroit fortuit des rayonnements infinis de mon existence spirituelle. Mais si je devais tracer de tels cercles autour de moi, je préférerais le faire passivement en considérant avec étonnement le complexe monstrueux et ne prendre à la maison que le renforcement que cette vision fournit e contrario. [xxx]

 

32 Les corneilles prétendent qu’une seule corneille peut détruire le ciel. C’est hors de doute, mais cela ne démontre rien contre le ciel, car le ciel signifie simplement : impossibilité de corneilles. [xxxi]

 

33 Les martyres ne sous-estiment pas le corps, ils le laissent monter sur la croix. En cela, ils coïncident avec leurs ennemis. [xxxii]

 

34 Son épuisement est celui du gladiateur après le combat, son travail était le blanchiment d’un coin dans un bureau de fonctionnaire. [xxxiii]

 

35 Il n’y a pas d’avoir, juste un être, juste un être qui aspire au dernier souffle, à l’asphyxie. [xxxiv]

 

36 Avant je ne comprenais pas pourquoi je ne recevais aucune réponse à ma question, aujourd’hui je ne comprends pas comment j’ai pu croire que je pouvais poser une question. Mais avant je ne croyais absolument pas, je posais juste la question. [xxxv]

 

37 Sa réponse à l’affirmation selon laquelle il possède peut-être, mais n’est pas, ne fut que tremblements et palpitations. [xxxvi]

 

38 Quelqu‘un s’étonna de la facilité avec laquelle il prit le chemin de l’éternité ; il filait en effet vers le bas. [xxxvii]

 

39a On ne peut pas payer le Mal en plusieurs versements – et cela est tenté continuellement.
Il serait possible de penser qu’Alexandre le Grand, malgré les succès guerriers de sa jeunesse, malgré l’excellente armée qu’il avait formée, malgré les forces dirigées vers le changement du monde qu’il sentait en lui, se fût arrêté à Hellespont et ne l’eût jamais franchi, et ce, non par indécision, non par manque de volonté, mais à cause du fardeau de la vie terrestre. [xxxviii]

 

39b Le chemin est infini, on ne peut rien y retrancher, rien y ajouter, et pourtant chacun tient sa petite aune d’enfant. « Sois sûr que tu devras aussi parcourir cette aune de chemin, cela ne sera pas oublié. » [xxxix]

 

40 C’est seulement notre concept de temps qui nous permet de nommer de cette façon le Jugement dernier, même s’il s’agit en réalité d’une cour martiale. [xl]

 

 


[i] Der wahre Weg geht über ein Seil, das nicht in der Höhe gespannt ist, sondern knapp über dem Boden. Es scheint mehr bestimmt stolpern zu machen, als begangen zu werden.

[ii] Alle menschlichen Fehler sind Ungeduld, ein vorzeitiges Abbrechen des Methodischen, ein scheinbares Einpfählen der scheinbaren Sache.

[iii] Es gibt zwei menschliche Hauptsünden, aus welchen sich alle andern ableiten: Ungeduld und Lässigkeit. Wegen der Ungeduld sind sie aus dem Paradiese vertrieben worden, wegen der Lässigkeit kehren sie nicht zurück. Vielleicht aber gibt es nur eine Hauptsünde: die Ungeduld. Wegen der Ungeduld sind sie vertrieben worden, wegen der Ungeduld kehren sie nicht zurück.

[iv] Viele Schatten der Abgeschiedenen beschäftigen sich nur damit, die Fluten des Totenflusses zu belecken, weil er von uns herkommt und noch den salzigen Geschmack unserer Meere hat. Vor Ekel sträubt sich dann der Fluß, nimmt eine rückläufige Strömung und schwemmt die Toten ins Leben zurück. Sie aber sind glücklich, singen Danklieder und streicheln den Empörten.

[v] Von einem gewissen Punkt an gibt es keine Rückkehr mehr. Dieser Punkt ist zu erreichen.

[vi] Der entscheidende Augenblick der menschlichen Entwicklung ist immerwährend. Darum sind die revolutionären geistigen Bewegungen, welche alles Frühere für nichtig erklären, im Recht, denn es ist noch nichts geschehen.

[vii] Eines der wirksamsten Verführungsmittel des Bösen ist die Aufforderung zum Kampf.

[viii] Er ist wie der Kampf mit Frauen, der im Bett endet.

[ix] A. ist sehr aufgeblasen, er glaubt, im Guten weit vorgeschritten zu sein, da er, offenbar als ein immer verlockender Gegenstand, immer mehr Versuchungen aus ihm bisher ganz unbekannten Richtungen sich ausgesetzt fühlt.

[x] Die richtige Erklärung ist aber die, daß ein großer Teufel in ihm Platz genommen hat und die Unzahl der kleineren herbeikommt, um dem Großen zu dienen.

[xi] Verschiedenheit der Anschauungen, die man etwa von einem Apfel haben kann: die Anschauung des kleinen Jungen, der den Hals strecken muß, um noch knapp den Apfel auf der Tischplatte zu sehn, und die Anschauung des Hausherrn, der den Apfel nimmt und frei dem Tischgenossen reicht.

[xii] Ein erstes Zeichen beginnender Erkenntnis ist der Wunsch zu sterben. Dieses Leben scheint unerträglich, ein anderes unerreichbar. Man schämt sich nicht mehr, sterben zu wollen; man bittet, aus der alten Zelle, die man haßt, in eine neue gebracht zu werden, die man erst hassen lernen wird. Ein Rest von Glauben wirkt dabei mit, während des Transportes werde zufällig der Herr durch den Gang kommen, den Gefangenen ansehen und sagen: »Diesen sollt ihr nicht wieder einsperren. Er kommt zu mir.«

[xiii] Gingest du über eine Ebene, hättest den guten Willen zu gehen und machtest doch Rückschritte, dann wäre es eine verzweifelte Sache; da du aber einen steilen Abhang hinaufkletterst, so steil etwa, wie du selbst von unten gesehen bist, können die Rückschritte auch nur durch die Bodenbeschaffenheit verursacht sein, und du mußt nicht verzweifeln.

[xiv] Wie ein Weg im Herbst: Kaum ist er rein gekehrt, bedeckt er sich wieder mit den trockenen Blättern.

[xv] Ein Käfig ging einen Vogel suchen.

[xvi] An diesem Ort war ich noch niemals: Anders geht der Atem, blendender als die Sonne strahlt neben ihr ein Stern.

[xvii] Wenn es möglich gewesen wäre, den Turm von Babel zu erbauen, ohne ihn zu erklettern, es wäre erlaubt worden.

[xviii] Laß dich vom Bösen nicht glauben machen, du könntest vor ihm Geheimnisse haben.

[xix] Leoparden brechen in den Tempel ein und saufen die Opferkrüge leer; das wiederholt sich immer wieder; schließlich kann man es vorausberechnen, und es wird ein Teil der Zeremonie.

[xx] So fest wie die Hand den Stein hält. Sie hält ihn aber fest, nur um ihn desto weiter zu verwerfen. Aber auch in jene Weite führt der Weg.

[xxi] Du bist die Aufgabe. Kein Schüler weit und breit.

[xxii] Vom wahren Gegner fährt grenzenloser Mut in dich.

[xxiii] Das Glück begreifen, daß der Boden, auf dem du stehst, nicht größer sein kann, als die zwei Füße ihn bedecken.

[xxiv] Wie kann man sich über die Welt freuen, außer wenn man zu ihr flüchtet?

[xxv] Verstecke sind unzählige, Rettung nur eine, aber Möglichkeiten der Rettung wieder so viele wie Verstecke. Es gibt ein Ziel, aber keinen Weg; was wir Weg nennen, ist Zögern.

[xxvi] Das Negative zu tun, ist uns noch auferlegt; das Positive ist uns schon gegeben.

[xxvii] Wenn man einmal das Böse bei sich aufgenommen hat, verlangt es nicht mehr, daß man ihm glaube.

[xxviii] Die Hintergedanken, mit denen du das Böse in dir aufnimmst, sind nicht die deinen, sondern die des Bösen. Das Tier entwindet dem Herrn die Peitsche und peitscht sich selbst, um Herr zu werden, und weiß nicht, daß das nur eine Phantasie ist, erzeugt durch einen neuen Knoten im Peitschenriemen des Herrn.

[xxix] Das Gute ist in gewissem Sinne trostlos.

[xxx] Nach Selbstbeherrschung strebe ich nicht. Selbstbeherrschung heißt: an einer zufälligen Stelle der unendlichen Ausstrahlungen meiner geistigen Existenz wirken wollen. Muß ich aber solche Kreise um mich ziehen, dann tue ich es besser untätig im bloßen Anstaunen des ungeheuerlichen Komplexes und nehme nur die Stärkung, die e contrario dieser Anblick gibt, mit nach Hause.

[xxxi] Die Krähen behaupten, eine einzige Krähe könnte den Himmel zerstören. Das ist zweifellos, beweist aber nichts gegen den Himmel, denn Himmel bedeuten eben: Unmöglichkeit von Krähen.

[xxxii] Die Märtyrer unterschätzen den Leib nicht, sie lassen ihn auf dem Kreuz erhöhen. Darin sind sie mit ihren Gegnern einig.

[xxxiii] Sein Ermatten ist das des Gladiators nach dem Kampf, seine Arbeit war das Weißtünchen eines Winkels in einer Beamtenstube.

[xxxiv] Es gibt kein Haben, nur ein Sein, nur ein nach letztem Atem, nach Ersticken verlangendes Sein.

[xxxv] Früher begriff ich nicht, warum ich auf meine Frage keine Antwort bekam, heute begreife ich nicht, wie ich glauben konnte, fragen zu können. Aber ich glaubte ja gar nicht, ich fragte nur.

[xxxvi] Seine Antwort auf die Behauptung, er besitze vielleicht, sei aber nicht, war nur Zittern und Herzklopfen.

[xxxvii] Einer staunte darüber, wie leicht er den Weg der Ewigkeit ging; er raste ihn nämlich abwärts.

[xxxviii] Dem Bösen kann man nicht in Raten zahlen – und versucht es unaufhörlich.
Es wäre denkbar, daß Alexander der Große trotz den kriegerischen Erfolgen seiner Jugend, trotz dem ausgezeichneten Heer, das er ausgebildet hatte, trotz den auf Veränderung der Welt gerichteten Kräften, die er in sich fühlte, am Hellespont stehen geblieben und ihn nie überschritten hätte, und zwar nicht aus Furcht, nicht aus Unentschlossenheit, nicht aus Willensschwäche, sondern aus Erdenschwere.

[xxxix] Der Weg ist unendlich, da ist nichts abzuziehen, nichts zuzugeben und doch hält jeder noch seine eigene kindliche Elle daran. »Gewiß, auch diese Elle Wegs mußt du noch gehen, es wird dir nicht vergessen werden.«

[xl] Nur unser Zeitbegriff läßt uns das Jüngste Gericht so nennen, eigentlich ist es ein Standrecht.

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