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Arseni Tarkovski. Comme il y a quarante ans

tarkovski arseni, poésie russe
Nikolaï Pilonenko - La Gare de Kiev

 

Comme il y a quarante ans


1

Comme il y a quarante ans,
Les battements de cœur au bruit
Des pas, et la maison avec fenêtre sur le jardin,
La bougie et le regard myope,
N’exigeant ni garantie
Ni serment. Les cloches sonnent dans la ville.
Le jour point. Il pleut, et le sombre,
Sauvage raisin mouillé
Est collé contre le mur, comme un sans-abri,
Comme il y a quarante ans.


2

Comme il y a quarante ans,
Je suis trempé sous la pluie, j’ai oublié
Quelque chose, on me dit quelque chose,
Je suis coupable, on te pardonne,
Et le train à dix heures cinquante
Sort du virage.
A onze heures c’est la fin de tout
Ce qui quarante ans durant passera
Lentement comme un train en marche,
Ses fenêtres scintillant dans la fumée,
De tout ce que tu as dit sans un mot,
Quand roulait déjà le convoi.
Et une jeunesse, à la gare
En arrière des accompagnateurs,
Se traîne à la maison au hasard,
par les flaques, en se mordant la manche.
 
 
3
 
Louange aux yeux ayant mesuré la hauteur
Des célestes étoiles et des montagnes terrestres,
– Pour leur lumière et pour leurs pleurs !

Aux bras fatiguées par le travail,
Pour ce que, comme deux ailes,
Tes bras ne les écartèrent pas !

Louange au larynx et aux lèvres
Pour ce qu’il m’est difficile de chanter,
Pour ma voix sourde et grossière,
Quand de la profondeur d’un puits
Le pigeon blanc brûle d’envie de sortir
Et fracasse sa poitrine sur la cage !
 
Pas le pigeon blanc, seulement un nom,
Un accord différent au bruit vivant,
Résonnant de tes ailes,
Comme il y a quarante ans.

1969

 

Original : Как сорок лет тому назад.pdf

Liste des poèmes d'Arseni Tarkovski : ici

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