Arseni Tarkovski. La vue s’obscurcit, c’était ma force...
Frank Auerbach
La vue s’obscurcit, c’était ma force,
Deux lances de diamant invisibles ;
L’ouïe s’éteint, pleine d’un ancien tonnerre
Et de la respiration de la maison paternelle ;
Les ganglions des muscles durs s’amollissent
Comme des bœufs au poil blanc sur un champ ;
Et les deux ailes derrière mes épaules
Ne brillent plus la nuit.
Je suis une bougie, j’ai brûlé à un festin.
Ramassez ma cire le matin,
Et cette page vous soufflera
Comment pleurer et de quoi être fier,
Comment partager le dernier tiers
De la joie et mourir avec légèreté,
Et à l’ombre d’un abri fortuit
S’enflammer posthumément, comme un mot.
1977
Original : Меркнет зрение.pdf
Liste des poèmes d'Arseni Tarkovski : ici