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Toute ma vie, j’ai suivi la même voie

 Alexandre Sokourov à la recherche d’un genre

Traduction de l’interview parue dans le journal Rossijskaya gazeta le 14.11.2006.

Sokourov

Alexandre Sokourov revient de Reykjavik, où il a reçu un prix pour son œuvre cinématographique.

 

Rossijskaya gazeta : Alexandre Nikolaïevitch, avant tout laissez-moi vous féliciter pour votre prix. Comment ça s’est passé en Islande ?

Alexandre Sokourov : J’ai trouvé très intéressant de me trouver dans un pays aussi lointain, aussi singulièrement civilisé. Je me suis convaincu une fois de plus que toutes nos allégations sur le climat, le manque d’infrastructure s’appliquent à nous, à notre peuple ; le problème est en nous, et il n’est pas dans les conditions climatiques, ou dans les distances.

R.G. : Comment se passe votre travail sur « Boris Godounov » au Bolchoï : la mise-en-scène d’opéra est pour vous un genre nouveau ?

Sokourov : C’est difficile. La première aura lieu le 24 avril. Nous recherchons des interprètes. Nous ne voulons pas seulement des voix, mais des personnalités. Pour l’opéra russe, la personnalité est fondamentale. N’importe quel bon vocaliste peut chanter la Traviata ou Rigoletto, tout le reste sera fait par le metteur en scène. Pour l’opéra russe, ça ne se passe pas du tout comme ça. J’attends avec anxiété les répétitions avec les acteurs.

R.G. : A la fin de l’année va sortir votre nouveau film Alexandra avec Galina Vichnevskaïa dans le rôle principal. Il se déroule dans la Tchétchénie d’aujourd’hui ?

Sokourov : Une femme d’un certain âge va rendre visite à son petit-fils en Tchétchénie, un capitaine de l’armée russe. Elle reste avec lui pendant trois jours. Ces trois jours sont le sujet du film. C’est la première fois que j’écris le scénario d’un film de fiction. Je l’ai écrit spécialement pour Galina Vichnevskaïa, que j’aime beaucoup.

R.G. : Vichnevskaïa a raconté que quand elle est arrivée à l’aéroport de Mineralnye Vody, ce sont des gardes avec des fusils automatiques qui l’ont accueillie…

Sokourov : Oui, la coopération du Ministère des Affaires intérieures et du FSB a été très bonne, ils nous ont aidés, ils ont fait tout ce qui était indispensable. Nous sommes restés là-bas un mois. Et des journalistes ne se sont pas gênés pour mettre Vichnevskaïa  et toute l’équipe de tournage sous les balles.

R.G. : C’est-à-dire ?

Sokourov : Les informations sur notre venue en Tchétchénie et sur nos lieux de tournage sont sorties dans la grande presse. Et quasiment tous avaient accepté de ne pas les publier. Tous avaient compris que c’était plus que dangereux, que cela pouvait mettre en danger la vie de Galina Vichnevskaïa, mais aussi de toute l’équipe. Tous ont gardé le silence. Sauf RTR, qui a plusieurs fois indiqué à l’antenne le lieu où nous nous trouvions, en dépit de mes demandes réitérées pour qu’il ne le fasse pas.

R.G. : Êtes-vous content de votre documentaire « Élégie de la Vie. Vichnevskaia. Rostropovitch» pour les 80 ans de la chanteuse ?

Sokourov : J’ai voulu parler de gens qui ont atteint le sommet sans provoquer la ruine autour d’eux. Tout ce qu’ils ont fait – y compris dans leurs compromis, dans leur combat contre le système – est limpide. Tout est honnête. C’est extrêmement rare. C’est pourquoi j’ai voulu les décrire dans le genre de l’élégie. Ils ont su rester des personnalités aussi bien dans la vie que dans leur profession malgré la difficulté des conditions extérieures : intérieurement, nous ne les valons pas. Tout se joue en nous, à l’intérieur.

 

Original : page web ou 2006.11 Всю жизнь иду по одной дороге.pdf

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