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13/12/2014

László Krasznahorkai. Tango de Satan

 krasznahorkai, littérature hongroise


Analyse du Tango de Satan de Krasznahorkai

 

Les habitants d’une coopérative hongroise abandonnée mènent une existence morne, ils s’enlisent dans l’inertie, non seulement parce que le milieu, l’isolement les y aspirent, mais aussi parce qu’ils s’y enfoncent d’eux-mêmes, par leurs intrigues viles et médiocres, leur alcoolisme, leurs recours paralysants au rêve éveillé. L’énergie de la bêtise ou de la cruauté, loin de les en dépêtrer, les y ramène avec force.

 

En 2012, plus de 25 ans après la publication de ce roman, Krasznahorkai revient sur sa genèse lors d’une interview en Écosse. Après avoir lu le sonnet de Rilke Arachaïscher Torso Apollos à l’âge de 18 ans et répondant à la fin de son dernier vers (« Tu dois changer ta vie »), il se dirigea vers les bas-fonds de la société. Une série de petits boulots l’amena dans une ferme, où il travailla comme veilleur de nuit ; un matin, après une nuit dans l’étable, il alla se coucher... et les gens lui dirent : « S'il te plaît, ne va pas dormir, quelqu’un va venir castrer les porcelets. » Ils attendaient cet homme, qui lui était inconnu, et qui dégageait une très mauvaise atmosphère, même si personne ne savait exactement pourquoi. Puis il arriva. Il était grand, il avait un gros nez, il ne disait quasiment aucun mot, il portait un long manteau. Les gens l’invitèrent à prendre un verre de palinka, c’était une obligation là-bas, et après cela, cet homme grand s’assit et ils durent tenir les porcelets. « C’était si terrible, au petit matin, avant que le soleil ne se lève, et les porcelets souffraient tellement, couinant et se tortillant, et je devais les presser contre le sol. L’homme était totalement dépourvu de sensibilité, sans âme, sans émotion, et il faisait sa coupure et il était prêt pour la suivante… sans un mot. Ensuite, il prit encore deux verres de palinka, de l’argent et il partit. Son nom était Irimias. J’ai beaucoup souffert à cause de la souffrance des porcelets. Et c’est ce cauchemar à l’état de veille qui a été la source du Tango de Satan, pas cette scène, mais son atmosphère, son essence… J’ai pensé alors que je devais écrire quelque chose sur le monde, pas sur la Hongrie communiste, pas sur la Hongrie, pas sur ce paysage avec ce peuple très pauvre et les circonstances, mais vraiment sur le monde à un niveau plus profond… »

 

Il ne s’agit donc pas de régime politique, de l’épuisement du communisme, des désillusions d’une idéologie agonisante, des déceptions qu’elle a provoquées. Krasznahorkai fouille une plaie bien plus profonde, toujours aussi présente dans la Hongrie contemporaine, s’attriste-t-il : « ce roman peut fonctionner aujourd’hui sans grands changements, car l’essence n’a pas changé – le monde et le système social et la vie humaine, au fond, n’ont pas changé. ». Cette énumération qui va du général au particulier pour retourner au général, ou plutôt cette hésitation oscillant entre des abstractions plus ou moins vastes nous indique qu’il n’est pas question ici de représenter un espace ou une époque, mais une catégorie ontologique plus essentielle, un magma qui suinte d’une couche inférieure et dans lequel l’homme s’embourbe inéluctablement. Les conséquences de cette infiltration dépendent sans doute de la perméabilité de la surface, pourtant, quelle que soit la structure de cette dernière, elle est transpercée, envahie (la pluie qui pénètre dans les logements, les araignées qui colonisent l’auberge), et tous les effets de l’empêtrement, de l’abrutissement, de la bêtise et de la folie étriquée se produisent.

 

Cette composante métaphysique du monde peut tout aussi bien provenir d’en haut. Il n’y a pas ici d’opposition terrestre/céleste ; le ciel est un couvercle qui dégoutte.

 

« Un matin, à la fin du mois d’octobre, peu avant que les premières gouttes des longues et impitoyables pluies d’automne commencent à tomber sur le sol craquelé, à l’ouest de l’exploitation (et qu’une mer de boue putride rende les chemins vicinaux impraticables et la ville inaccessible jusqu’aux premières gelées), Futaki fut réveillé par le son des cloches. » [i]

 

La boue est inséparable de la pluie ; elles doivent être considérées comme une seule et même matière, qui englue l’homme, mais aussi qui l’efface, lui fait perdre sa consistance :

 

« À toute vitesse elle endossa son imperméable, ses bottes à peine enfilées, elle se mit à courir, sa silhouette disparut dans l’obscurité, se fondit parmi les ombres de la route qui menait à l’auberge, elle évitait les flaques d’eau et pas une fois elle ne se retourna, pas une fois elle ne chercha à voir ce qu’elle laissait derrière elle : deux visages délavés, ruisselant sur le carreau. » [ii]

 

Chez Tchekhov, les intellectuels, ou simplement les personnages quelque peu éduqués ne souffrent de leur isolement dans la province russe que par rapport à Moscou. C’est dans la comparaison qu’ils vivent leur déréliction, qu’ils se plaignent, sans d’ailleurs que l’on puisse trancher avec certitude s’ils exagèrent ou non. Leur malheur dérive de représentations sociales, et il est souvent alimenté par une volonté de se voir et d’être vu comme un martyre, un être affligé. Il y a une dimension anthropologique dans la détresse tchékhovienne, elle est produite avant tout par des échelles de valeurs et des rapports interindividuels. Chez Krasznahorkai, le malheur est secrété par le monde lui-même, sans qu’autrui intervienne. Cependant, l’homme n’est pas pour autant libéré de toute responsabilité. La veulerie, l’apathie, même si elles naissent de la masse épaisse du monde, d’une insensibilisation nécessaire pour s’opposer à ses infiltrations, sa délitescence,  n’en demeurent pas moins imputables aux personnages, à leurs rêves grossiers et primitifs :

 

« Il pleut dit Futaki. — Oui, j’entends », répondit la femme. Le faible éclat du soleil arrivait à peine à transpercer les tourbillons de nuages qui filaient vers l’est, une pénombre presque crépusculaire avait enveloppé la cuisine, il était difficile de savoir si les taches qui se dessinaient, frémissantes, sur le mur, n’étaient que des ombres ou les empreintes de la détresse qui se camouflait derrière leurs espérances. « Je vais partir vers le sud, dit Futaki en contemplant la pluie. L’hiver y est moins long. Je louerai une ferme, pas loin d’une grande ville, et je passerai mes journées à tremper mes pieds dans une bassine d’eau chaude… » La pluie qui ruisselait doucement sur le carreau s’infiltra par l’embrasure du haut de la fenêtre avant de glisser jusqu’à la croisée du chambranle et de la margelle en bois, là elle obstrua peu à peu toutes les petites fissures puis, s’étant frayé un chemin jusqu’à l’arrête de la margelle, elle se reforma en gouttes qui se mirent à tomber sur les genoux de Futaki, lequel, ne s’apercevant de rien tant il était difficile de revenir de là où son esprit s’était évadé, se mit tranquillement à uriner. « Je me ferai embaucher comme gardien de nuit dans une chocolaterie… ou dans un internat de jeunes filles… Et j’essayerai de tout oublier, juste une bassine d’eau chaude le soir et ne rien faire, simplement regarder passer cette chienne de vie… » La pluie, fine jusqu’ici, se mit à tomber à verse, l’eau avait déjà rompu la digue, se déversait sur le sol détrempé et par d’étroites rigoles méandreuses envahissait les terres en aval, il ne voyait plus rien mais il restait sans bouger, les yeux fixés sur le chambranle vermoulu, là où le plâtre s’effritait, et soudain apparut sur la vitre une forme aux contours imprécis peu à peu se dessina un visage qu’il ne put identifier que lorsque surgirent deux yeux effrayés : c’était sa propre image altérée, avec stupeur il se reconnut, c’est ainsi que le temps estomperait ses traits, tels qu’ils se déversaient sur la vitre ; l’image qui s’offrait à lui reflétait une infinie pauvreté, étrangère, où se superposaient en couches égales la honte, la fierté et la peur. » [iii]

 

Si l’effacement du personnage est le fait d’un attribut primordial du monde, qui atteint son être partout, il procède aussi de cette sorte de bovarysme misérable, ce rêve d’évasion des pieds dans une bassine d’eau chaude, ou du moins il interagit avec lui dans un amollissement réciproque, jusqu’à l’altération des traits, l’effacement de la volonté, le mélange paralysant des sentiments ; honte et fierté existent à part égale, comme s’ils s’annulaient l’un l’autre, anéantissant leur potentiel dynamique. Et si la peur ne s’oppose pas aux deux sensations précédentes, elle est empêchée par elles, elle ne forme aucune intention, aucun vecteur d’action, même dans la direction d’un repli douillet sur soi, à l’instar du héros du Terrier de Kafka. Cet état des choses et des êtres est donc aussi imputable à l’homme, à son inaction, sa saleté, sa fuite dans l’alcool.

 

« […] depuis la veille au soir, depuis qu’un cri l’avait arraché à son court sommeil agité, dénué de rêves, il n’avait cessé de boire (dans la dame-jeanne posée à sa droite il restait juste assez de palinka pour une journée) et il n’avait presque rien mangé. Il se leva pour se soulager mais à la vue du monceau d’ordures devant la porte il se ravisa. « On verra plus tard. Y a le temps », dit-il à voix haute, mais au lieu de se rasseoir il fit quelques pas autour de la table, marcha jusqu’au mur pour que « cette oppression » se dissipe. La sueur ruisselait sous ses aisselles, sur son torse poilu, il se sentait faible. La couverture glissa de ses épaules, il n’eut pas la force de la remettre. Il retourna s’asseoir, remplit son verre à ras bord… » [iv]

 

Il serait ridicule de vouloir élever le tas d’immondices à un quelconque statut métaphysique. Il est le résultat du laisser-aller, de cette même incroyable fainéantise qui l’empêche d’aller uriner, cette fatigue non pas de l’avenir, mais du présent. Par conséquent, si le milieu distille un poison abrutissant, l’homme, réciproquement, exhale un air impur. « Une odeur amère, viciée, se mêle aux volutes de fumée de cigarettes, d’aigres effluves d’haleine s’élèvent jusqu’au plafond couvert de suie » [v] 

 

Et Krasznahorkai pousse cette spirale de l’énergie décroissante jusqu’à sa limite extrême : la catatonie pathétique, la réduction du corps à l’organique, de l’esprit à un imaginaire sans lumière :

 

« tout était immobile, seuls ses orteils bougeaient dans ses souliers éculés. La lampe jusqu’ici béatement suspendue, se mit à ondoyer, le demi-cercle de lumière qui laissait dans la pénombre le plafond et l’arrête supérieure des murs et détachait à peine les contours des trois hommes, du comptoir envahi par les gâteaux desséchés, des verres à vin et à alcool, des tables, des chaises et des mouches groggy, plongea l’auberge, telle une barque secouée par les flots, dans le crépuscule de fin d’après-midi. Kerekes déboucha la bouteille, de sa main libre il posa le verre devant lui, et resta ainsi sans bouger quelques minutes, le verre dans une main, la bouteille dans l’autre, comme s’il avait oublié ce qu’il devait faire, comme si au milieu de la nuit noire dans laquelle il vivait les mots, les bruits s’estompaient parfois, l’espace d’un instant, et ainsi sourdement, aveuglément, tout ce qui l’entourait perdait de son poids jusqu’à son propre corps, ses bras, ses jambes écartées ; comme si la sensibilité au toucher, au goût, aux odeurs disparaissait et qu’au plus profond de sa conscience ne restaient que le grondement du sang, la froide mécanique des organes, comme si certains centres secrets de son cerveau retournaient dans les ténèbres de l’enfer, sur la terre interdite de l’imaginaire, là d’où il est si difficile de revenir. » [vi]

 

Cette double causalité de la déchéance permet d’éviter de tomber dans le romantisme, ce qui ne manque pas de se produire avec le faux prophète Irimias.

 

« … ce n’est pas le temps qu’elle mesure mais l’éternité de la servitude et face à elle nous sommes comme une brindille face à la pluie : “totalement impuissants.” Bien qu’il parle tout bas, sa voix grave et suave emplit le long couloir désert. Son compagnon qui, on s’en aperçoit au premier regard, est loin d’incarner l’image de la volonté et de l’assurance, rive ses sombres yeux globuleux sur le visage marqué par les épreuves de son ami et tout son être s’emplit d’admiration. « Une brindille face à la pluie… », son esprit s’évade, il savoure ces mots comme s’il s’agissait d’un grand cru dont il aimerait deviner le millésime tout en s’avouant, résigné, qu’il en est incapable. « Toi, t’es un vrai poète ! » dit-il en hochant la tête, avec l’air hébété de celui qui s’étonne d’avoir par hasard énoncé une vérité. »[vii]

 

Avec sa poésie bon marché, Irimias exagère la faiblesse et la petitesse de l’homme et, ce faisant, impute tout le marasme au monde. Il flatte le penchant victimaire, encourage à croire en une inéluctabilité rassurante, il renforce l’inaction. Dans le combat entre soi et le monde, il charge le monde et déresponsabilise le moi, alors que Krasznahorkai seconde le monde en imputant une part de la faute au moi. Il est tout à fait naturel qu’Irimias soit conduit au cynisme radical et noircisseur, à une conception mécaniste de l’homme, un être qui gonfle passivement jusqu’au relâchement dans la violence crasse : « Ils restent des heures, prostrés derrière les fenêtres jusqu’à ce que la nuit tombe sur eux. Ils mangent, ils boivent, ils se serrent l’un contre l’autre sous l’édredon. Et puis, de temps en temps, ils sentent que cela ne peut plus durer, alors ils tabassent leurs mômes ou leur chat et après, ça va mieux pendant un moment. » [viii]  L’ambivalence de ce type de prophète n’a rien de mystérieux.

 

Krasznahorkai, quant à lui, ne prétend pas à la prophétie. Ce qui ne veut pas dire que son récit n’aspire pas à des représentations et des réflexions théologiques. Mais c’est peut-être avant tout littérairement qu’il y est conduit. Le thème de l’eau omniprésente couplée à la prolifération de toiles d’araignées dans le troquet n’est pas sans rappeler le célèbre tableau de l’éternité placé par Dostoïevski dans la bouche de Svidrigaïlov : « Nous nous représentons toujours l’éternité comme une idée impossible à comprendre,  quelque chose d’immense. Mais pourquoi en serait-il nécessairement ainsi ? Et si, au lieu de tout cela, il n’y a, figurez-vous, qu’une petite chambre, comme qui dirait une de ces cabines de bain villageoises tout enfumées, avec des toiles d’araignées dans tous les coins : la voilà, l’éternité. » [ix]

 

Pourtant, ici, les araignées ne connotent ni le Mal, ni la faute, on ne les considère pas dans un état de stupeur, d’angoisse, paralysé et fasciné.

 

« Mais une fois le dernier client parti, une fois la porte verrouillée, le cauchemar commençait ; le temps de laver les verres, de faire un peu de rangement, de fermer le livre de comptes, il pouvait déjà se mettre au ménage car les recoins, les pieds des tables et des chaises, la fenêtre, le poêle, les piles de casiers, parfois même les cendriers alignés sur le comptoir étaient enveloppés d’une fine toile. Ensuite les choses ne faisaient qu’empirer : lorsqu’il avait terminé et qu’en marmonnant quelques jurons il se couchait dans la réserve, il osait à peine s’endormir car il savait qu’elles ne lui laisseraient aucun répit, pas même quelques heures. » (p. 156)

 

Ce n’est pas l’araignée en tant que telle qui pose problème, c’est sa toile, et l’on revient toujours à cette idée d’empêtrement et de paralysie. D’ailleurs, les araignées sont absentes : « Car le plus effrayant dans cette histoire, c’est qu’il n’avait jamais aperçu la moindre araignée, même lors des nuits blanches passées à guetter derrière son comptoir ». La toile d’araignée comme symbole d’une éternité fatigante, qui pousse au laisser-aller, ou plus rarement, comme dans le cas de l’aubergiste, à l’affairement absurde et exténuant.

 

À cette conception de l’éternité comme envasement vient se greffer une dimension apocalyptique. Le début du roman le suggère clairement :

 

« Avec tristesse, il observa le ciel sombre et menaçant, les vestiges desséchés de l’été infesté de sauterelles, et brusquement, à travers les feuillages d’un même acacia, il vit défiler tour à tour le printemps, l’été, l’automne et l’hiver, comme s’il venait de percevoir la pitrerie du temps qui, dans l’immuable sphère d’éternité, nous fait croire, en donnant l’illusion d’une route droite qui traverserait le chaos du désordre et en créant la hauteur, à l’inéluctabilité de la folie… » [x]

 

Le ciel menaçant et les vestiges desséchés font allusion à la première trompette de l’Apocalypse, les sauterelles à la cinquième…  Ainsi, l’ensemble du récit peut peut-être être lu en résonnance avec les célèbres versets : « Je connais ta conduite : tu n'es ni froid ni chaud !  Ainsi, puisque te voilà tiède, ni chaud ni froid, je vais te vomir de ma bouche. » (Ap. 3, 15–16.). C’est-à-dire, selon l’exégèse d’Andreï Tarkovski, « l’apathie, l’indifférence est mise au même niveau que le péché, que le crime devant le Créateur. » Cependant, les personnages ne sont gratifiés d’aucune révélation. Le roman se clôture sur l’éternel recommencement de la rêverie maladive d’un Oblomov miséreux, et même un romantique acharné aura du mal à la prendre au sérieux :

 

« Il se blottit à nouveau sous la chaude couverture, posa la tête sur son bras mais ne put fermer l’œil ; ses hallucinations auditives le faisaient encore frémir, mais plus encore ce soudain silence, cette inquiétante absence de bruit, car désormais, il le sentait, tout pouvait arriver. Mais rien ne bougea, lui-même resta immobile dans le lit jusqu’au moment où les objets silencieux qui l’entouraient se mirent à engager une conversation animée… »

 

 

 

 



[i] Krasznahorkai László, Tango de Satan, Gallimard, 2000, p. 11.

[ii] Ibid,p. 29

[iii] Ibid,p. 20-21

[iv] Ibid,p. 70

[v] Ibid,p. 47

[vi] Ibid,p. 88-89

[vii] Ibid,p. 33

[viii] Ibid,p. 236

[ix] « Нам вот все представляется вечность как идея, которую понять нельзя, что-то огромное, огромное! Да почему же непременно огромное? И вдруг, вместо всего этого, представьте себе, будет там одна комнатка, эдак вроде деревенской бани, закоптелая, а по всем углам пауки, и вот и вся вечность. »

[x] Ibid,p. 12.

Écrit par Fabien Rothey dans Krasznahorkai, Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : krasznahorkai, littérature hongroise | |  Facebook | |  Imprimer | Pin it! | | |

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