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01/08/2012

La Clepsydre, Wojciech Has, 1973

La Clepsydre, critique, film


Joseph se rend dans un étrange et vétuste sanatorium pour rendre visite à son père. Mais il arrive trop tard : il est déjà mort. Il entame alors un voyage en partie imaginaire dans le passé. La Clepsydre suit les déambulations de ce jeune homme à travers un monde onirique, où les souvenirs de sa vie personnelle se mêlent à ceux de l’histoire de la Pologne.

La jonction entre deux fragments de rêve semble d’abord dépourvue de logique : le moindre geste peut entraîner le basculement dans un autre espace et un autre temps. Pourtant, on se tromperait en parlant de surréalisme. Le film ne se déroule pas selon les caprices d’une imagination artiste, mais dans le cadre d’une structure implacable où influent la mort, la disparition, l’effondrement, la désagrégation et la mauvaise conscience. Le héros tourne le dos aux dehors négatifs de sa vie et de l’Europe en se lançant dans un dédale de scènes hétéroclites. Il les quitte facilement et sans regret. Il se laisse porter dans le monde enchanté de son enfance ou l’exotisme de contrées lointaines. Mais, petit à petit, et de plus en plus à mesure que le film progresse, des forces négatives ternissent le déroulement de son périple onirique. Les personnages historiques deviennent des mannequins de cire à peine robotisés qui se cassent sur le sol. Son rêve est un morceau de buvard où les taches d’encre se multiplient. A la fin, tout devient noir : il ne peut plus fuir nulle part. Les apparences diverses prises par son père débouchent sur un vieux satyre agité par l’ivresse et l’excitation sexuelle. L’indécence, puis la mort sont les destinations ultimes de son voyage.

La perte irréversible de l’enfance, d’un père ambigu et inaccessible, des mondes que les catastrophes de l’histoire ont détruits, autant de thèmes que le réalisateur mêle dans la même angoisse mélancolique. De ces mondes disparus, il ne nous reste que des natures mortes, mouvantes, superbes. La Clepsydre serait alors le labyrinthe d’un musée, où chaque petite salle entretient avec la précédente un rapport de rupture et de continuité, de dissonance et d’analogie.

Bien qu’injustement oublié par une critique paresseuse dès qu’il s’agit de pousser plus à l’Est que l’Italie, Wojciech Has restera un des grands maîtres du cinéma polonais, et donc du cinéma mondial.  

La Clepsydre, critique, film

Écrit par Fabien Rothey dans Cinéma, Has Wojciech | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : la clepsydre, critique, film | |  Facebook | |  Imprimer | Pin it! | | |

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