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20/06/2012

A.C.A.B.

A.C.A.B.

All Cops Are Bastards, Stefano Sollima, 2012

acab, stefano sollima, critique film


A.C.A.B est un film italien sur un groupe de CRS à Rome. S’il ne les idéalise pas, il ne passe pas non plus son temps à les noircir à coup de clichés soixante-huitards. Il ne cache pas que leur travail est sale et pénible (expulser des gens de chez eux, expulser des étrangers en situation irrégulière, séparer les supporters enragés de deux équipes de foot). Mais il ne les salit pas pour autant. Ils ne sont qu’un rouage. Et la violence dont ils font preuve, s’il elle n’est pas toujours justifiée, n’est pas toujours gratuite. Ils sont eux-mêmes attaqués violemment par des manifestants (quand on ne leur crache pas constamment dessus).

Derrière ces banalités, le film parvient à percer une vérité plus large, plus politique. Les CRS, au fond, sont utilisés comme boucs émissaires. Ce sont eux qui prennent les coups de couteau pour ceux qui organisent l’immigration et la haine entre immigrés et Italiens. Ceux qui ont intérêt au développement de la misère se protègent de l’éventualité d’une révolte en montant les parties les plus défavorisées du peuple les unes contre les autres. Cette technique peut être comprise comme la généralisation de la haine entre supporters de deux équipes de foot. Elle permet la formation d’un exutoire inepte à la violence sociale. Les CRS sont utilisés pour que ces haines ne prennent pas des proportions trop destructrices, et puissent ainsi continuer à exister en se focalisant sur les mêmes objets. Ils contiennent la violence par la violence. Et si cette violence se retourne contre eux, on les sacrifie sans sourciller.

Il ne leur reste alors que la fraternité (qui comporte sa beauté, mais aussi sa face sombre). Mais elle ne durera pas longtemps, car les jeunes recrues sont incapables de saisir son importance.

A.C.A.B. renoue avec la grande période du néoréalisme italien en s’attaquant à des problématiques actuelles, sans romantisme (ou presque), sans manichéisme, et très loin de la binarité du mélodrame bobo.

acab, stefano sollima, critique film

 

Écrit par Fabien Rothey dans Cinéma, Sollima | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : acab, stefano sollima, critique film | |  Facebook | |  Imprimer | Pin it! | | |

Commentaires

Bonjour Fabien,

Merci pour votre bel article, il est vraiment intéressant.
Nous voudrions entrer en contact avec vous et vous proposer une interview avec Stefano Sollima qui sera à Paris les 9 et 10 Juillet, écrivez moi sur l'adresse mail indiquée ci dessus.

Bonne journée,
Bien à vous,
Laetitia Antonietti - Bellissima Films

Écrit par : Laetitia Antonietti | 21/06/2012

C'est un film important parce que rare. On rêve d'un cinéma français suffisamment mature et courageux pour aborder ce type de sujet difficile et non consensuel avec autant d'honnêté.

Écrit par : Sébastien | 22/07/2012

Les commentaires sont fermés.