100 questions à Alekseï Balabanov (18/11/2012)

Interview parue sur la version russe du site FHM le 30 octobre 2012

Balabanov, interview, cinéma russe

  001  L’industrie cinématographique nationale a-t-elle une chance ?
Oui

 002  Sur qui peut-elle fonder ses espoirs ?
Il y a de bons réalisateurs. Volochin, par exemple, réalise des films vraiment originaux.

 003  Et il y a de bons acteurs ?
Je n’aime pas filmer les acteurs. C’est dans le cinéma de genre qu’on peut les filmer, mais dans le type de cinéma que je fais en ce moment, il vaut mieux filmer des personnes réelles : elles ne sont pas galvaudées par le théâtre.

 004  Est-il vrai que dans votre dernier film « Ia toje khotshu « Moi aussi, je veux) », il n’y a pas un seul acteur ?
Pas un seul.

 005  Et toutes les histoires sont vraies ?
Oui, tous parlent d’eux-mêmes.

 006  La jeune fille qui joue une prostituée aussi ?
Elle n’est pas prostituée, elle étudie pour devenir réalisatrice. Elle répète l’histoire de quelqu’un d’autre.

 007  C’est vraiment votre dernier film ?
Pour l’instant je pense que oui. Le film sortira le 12 décembre – 12.12.12. Et je n’ai encore rien décidé de définitif. Je suis très fatigué. Nous avons travaillé intensément pendant huit mois. J’ai toujours travaillé ainsi, mais je ne suis plus tout jeune maintenant, j’ai 53 ans, vous comprenez.

 008  Voici des avis de critiques de cinéma sur vos films. Le premier : Cargaison 200, c’est du symbolisme, il montre le viol de la patrie par le pouvoir.
C’est trop prétentieux.

 009  Le second : la plupart des héros des films de Balabanov sont des gens brisés, mentalement malsains.
La plupart oui.

 010  Troisième avis : les jumeaux siamois de « Des monstres et des hommes » symbolisent les armoiries de la Russie.
Non, c’est juste l’histoire des jumeaux Tchang et Yang qui partent pour l’Amérique qui m’a plu. Là-bas, ils se marièrent sans problème et couchaient avec leurs femmes à tour de rôle. En général chacun trouve dans mes films ce qu’il veut. Et les critiques de cinéma, souvent, y mettent beaucoup plus de choses que moi.

 011  Lequel de vos films a eu le plus gros budget ?
Je ne suis pas en bons termes avec l’argent. J’ai un producteur, Sergueï Selianov, qui s’occupe des questions d’argent sans compter devant moi. Mais tout ce que je demande, il le réalise.

 012  Existe-t-il un scénario que vous aimeriez réaliser, mais pour lequel vous n’aurez pas le budget nécessaire ?
Maintenant, non. Avant, il y en a eu.

 013  Vous faites allusion à Morphine ?
Pour Morphine, Selianov a tout de suite trouvé l’argent. Nous avions écrit ensemble le scénario du film Pan d’après Knut Hamsun.  Le tournage devait se passer essentiellement en Afrique. Puis il y a eu aussi le scénario de La Chambre obscure, mais les descendants de Nabokov ne vendent pas les droits d’adaptation cinématographique aux Russes.

 014  Vous avez beaucoup de scénarii restés à l’état de projet ?
J’ai publié un livre avec mes scénarii qui ne sont pas encore réalisés.

 015  Pourquoi vous n’avez pas terminé le tournage du film L’Américain ?
Nous avons tourné un tiers du film avec l’acteur Michael Biehn. C’est un homme grand ; chez Cameron, il joue dans Terminator. Michael avait commandé une voiture aux vitres teintées et entre les prises, il s’asseyait dedans – il avait une petite bouteille d’eau dans laquelle il mettait en réalité de la vodka. À Irkoutsk, il a commencé à tomber hors du cadre. J’ai arrêté le tournage parce que continuer aurait été absurde : il avait le premier rôle. Nous l’avons accompagné à l’hôpital, ensuite nous sommes allés à Los Angeles au procès – nous avons gagné deux procès, et nous en avons perdu un, parce que nous étions Russes bien sûr, et nous avons perdu beaucoup d’argent sur ce film.   

 016  Est-il vrai que vous vouliez proposer le rôle principal de L’Américain à Mike Tyson ?
C’est vrai. J’aimerais encore aujourd’hui.

 017  S’il accepte, vous allez tourner le film à nouveau ?
Le scénario est très fort. Les lieux sont déjà définis. Nous suivrions le même itinéraire. Mais Tyson entre temps a ouvert son propre théâtre, il est devenu un artiste très populaire. D’ailleurs, il a toujours été populaire.

 018  Vous interdisez aux acteurs de boire ?
Personne ne boit sur mes tournages. Avec Michael Biehn
, c’était la première fois.

 019  Sur les tournages, vous criez sur les acteurs ?
Principalement sur l’administration et les organisateurs. Mais sur les acteurs aussi, ça arrive.

 020  Est-il vrai que pour le film Kotchegar, vous avez proposé le rôle du client à Ernst ?
Oui.

 021  Qu’est-ce qui ne vous plaît pas dans le cinéma contemporain ?
Le split screen. On l’utilise trop souvent. Avant, on rendait le parallélisme des actions par le montage, ça créait une tension, alors que maintenant  on montre jusqu’à quatre petits écrans en même temps. Selon moi, c’est ennuyeux et inintéressant.

 022  Dernièrement, Hollywood a sorti une quantité de séries coûteuses et de qualité. Vous n’avez jamais eu envie de tourner une série ?
Je n’aime pas les séries, je ne les regarde pas, et je ne veux pas en tourner.

 023  Pour vous, le plus important est la forme ou le fond ?
Ils sont liés.

 024  Vous est-il déjà arrivé de penser que vous aviez trouvé au début un langage commun avec les spectateurs, et que vous l’aviez ensuite perdu ?
Non, ça ne m’est pas arrivé. Je n’ai jamais cherché de langage commun avec les spectateurs. Si une chose m’intéresse, il me semble qu’elle intéressera aussi le spectateur.

 025  Vous êtes passé au numérique ?
Oui, pour la première fois. Tout ce qu’on film aujourd’hui sur pellicule va de toute façon être transféré sur numérique.

 026  Et quelles sensations en avez-vous retirées ?
Ça va plus vite et on peut faire plus de prises. Et c’est moins cher.

 027  Avez-vous déjà été attiré par l’utilisation du trucage par ordinateur?
Non, mais dans mon dernier film, j’y ai eu recours. Quand j’ai vu le clocher pour la première fois, il était sur de la glace. Et quand on a commencé à tourner, il y avait de la neige. Grâce à l’ordinateur, on a pu remettre la glace.

 028  Y a-t-il dans vos films un personnage qu’on puisse appeler héros ?
Tchadov était un héros dans le film « La Guerre ». Pour ce qui est de Danil Bagrov, je ne sais pas – c’est un personnage tellement compliqué, bien qu’il soit aimé du peuple.

 029  L’union des réalisateurs apporte-t-elle des avantages ?
À moi, non, parce que j’en suis membre. Je suis membre de l’académie européenne de cinéma, mais je n’en retire aucun avantage non plus.

 030  Le fait d’appartenir à l’académie européenne de cinéma vous impose des obligations ?
Non. J’ai tourné 14 films. J’ai été à Cannes, à Venise. Je ne me rappelle plus des petits festivals. Si je ne me trompe pas, on m’a pris après mon premier film.

 031  Est-il vrai que lors d’un festival au Canada vous vous êtes retrouvé au commissariat ?
Oui, je suis un personnage à scandale. Mais c’était il y a très longtemps. À l’aéroport de Montréal, le directeur de Lenfilm  est allé dans la file principale, et moi on m’a mis avec des noirs. Je me suis vexé et je suis allé dans la file principale. Puis ils sont venus, m’ont forcé à mettre les mains dans le dos et m’ont mis en prison.

 032 ça fait longtemps que vous n’avez pas vu Boutousov ?
Il vit à Pouchkino. Je lui ai proposé le rôle principal dans « Moi aussi, je veux. »

 033  Il a refusé ?
Il n’a pas refusé, il a mis une condition : s’il voyait ne serait-ce qu’une personne ivre sur le tournage, il se retournerait et il partirait. On ne boit pas sur mes tournages, mais j’ai pensé : pourquoi m’imposer ça ? J’ai invité Gargkouchka [le soliste du groupe Aouktsyon], et je suis très content. C’est la première fois qu’il ne joue pas un clown, mais un rôle dramatique de musicien meurtri par la vie.

 034  Y a-t-il y musicien qui vous plaît, mais dont vous n’utiliserez jamais la musique dans vos films ?
La musique de tous ceux qui me plaisent, je l’utilise dans mes films.

 035  Il vous la donne souvent gratuitement ?
Toujours.

 036  Le rock russe est mort ?
Non, il y a de bonnes chansons.

 037  Vous écoutez de la musique sur CD ou MP3 ?
Des disques compacts, bien sûr.

 038  Comment considérez-vous le piratage ?
Négativement.

 039  Comment Boutousov s’est-il retrouvé sur le tournage « Le Frère » ?
Je lui ai proposé : tu me donnes la musique, et ensuite, avec les rushs du film, je te fais un clip, tu joueras aussi gratuitement. Le tournage du film a coûté moins de cent mille dollars.

 040  Quelles scènes du film « Le Frère » (brat) ne se sont pas retrouvées dans la version finale du film ?
Tous les épisodes sont parus, j’écris moi-même mes scénarii.

 041  Y a-t’il eu des idées pour tourner un troisième volet ?
Non, je n’ai pas l’intention de filmer « Le Frère 3 ».

 042  D’où vous vient cette connaissance du monde du crime des années 90 ?
Je connais ces gens-là, ils me racontent tous des histoires. Et moi aussi j’ai été un voyou, je viens de Sverdlovsk.

 043  On vous a cassé le nez ?
Attendez que je me rappelle… Non, ce sont les dents qu’on m’a cassées, pas mon nez. En dixième classe [équivalent de la Première], à la soirée de fin d’études on m’a cassé deux dents à cause d’une fille.

 044  Est-il vrai que vous avez lancé du verre sur les professeurs ?
C’est vrai. Sur la professeure de biologie. Je ne me souviens pas si je l’ai fait sur d’autres. Mais la professeure de biologie était très mauvaise, une personne vraiment méchante.

 045  Vous pouvez fabriquer une bombe avec la panoplie du jeune chimiste ?
Non, aujourd’hui, je ne me rappelle plus. Mais avant, je pouvais.

 046 Quel acte de votre adolescence vous fait honte ?
J’avais fabriqué un lance-pierre et je suis allé tirer sur des moineaux. J’ai tué un moineau, je me suis senti vraiment mal, j’ai cassé le lance-pierre, j’ai enterré le moineau en plantant une croix. Deux jours plus tard, j’ai fabriqué un nouveau lance-pierre et je suis allé tirer à nouveau sur des moineaux dans le parc.

 047 Est-il arrivé que vous ne vous soyez pas rendu compte du danger qui vous menaçait?
Quand je jouais aux cartes dans une cave avec des bandits ; il faisait bon. Pas des bandits, plutôt des voyous. Je me souviens qu’une fois ils sont allés sur le barrage ; là, il y avait un homme assis sur un banc avec une jeune femme, et ils l’ont frappé, sans raison. J’ai arrêté ensuite de les fréquenter.

 048 Comment vous jugez l’effondrement de l’URSS ?
Mal. Ça ne me plaît pas.

 049  Quand vous avez réalisé « Cargaison 200 », vous n’avez pas pensé que vous apportiez de l’eau au moulin de ceux qui montreront votre film en disant : « L’URSS est l’empire du mal » ?
Je n’y ai tout simplement jamais pensé.

 050  Est-il vrai que vous connaissiez Eltsine ?
C’est vrai. Le mari de sa fille, Andrioucha Zonov, était mon ami. Nous volions ensemble de la vodka dans le frigo d’Eltsine quand il était premier secrétaire du comité régional de Sverdlovsk.

 051  Vous vous être rencontrés après 1990 ?
Non, après nous ne nous sommes pas rencontrés.

 052  Quels sont les points forts du peuple russe ?
Le patriotisme et l’audace.

 053  Les points faibles ?
La cupidité et le cosmopolitisme, quand les gens partent et n’aiment par leur patrie.

 054  Qu’est-ce qui pourrait devenir aujourd’hui une idée nationale en Russie ?
Précisément ce patriotisme. Le désir de vaincre les points négatifs.

 055  L’intelligentsia a apporté à la Russie plus de biens ou plus de maux ?
Plus de biens.

 056  Vous avez voté aux dernières élections ?
Je n’ai jamais voté de ma vie.

 057  Avez-vous eu à un moment le désir de faire de la politique ?
Je suis en dehors de la politique, la politique ne m’amuse pas et ne m’intéresse pas, je me tiens juste au courant des nouvelles.  

 058  Et on vous l’a proposé ?
Berezovsky nous a invités chez lui, moi et Sergueï Bodrov, il voulait créer un parti. Il promettait la lune à Sergueï, mais pas à moi. Il m’a fait attendre dans une salle de réception près du métro Paveletskaya. Il avait un bureau et un bar où l’on pouvait boire ce qu’on voulait.  Il m’a fait mariner pendant une demi-heure. Qu’est-ce que je pouvais faire ? Je me suis assis et j’ai bu. Voilà le genre de charlatan qu’il était ! 

 059  De quoi avait besoin Berezovsky ?
Il voulait commencer par créer un mouvement. J’ai refusé.

 060  Pourquoi Bodrov a-t-il accepté ?
Je ne sais pas. Il lui a promis la lune par téléphone. Sergueï était encore très jeune, c’était juste après le premier volet du film « Le frère ».

 061  Vous avez eu d’autres propositions ?
Iavlinski voulait que je tourne un clip de campagne pour lui.

 062  Que pensez-vous du pouvoir en place ?
Rien de bon.

 063  Que pensez-vous de l’opposition ?
Je ne la connais pas.

 064  Combien d’amis avez-vous ?
Selianov, et lui, et lui... d’anciens camarades de l’armée pendant la guerre d’Afghanistan, que je fais tourner dans des films.

 065  Vous êtes intransigeant ?
Oui.

 066  Si vos fils ramènent à la maison des filles qui ne vous plaisent pas, vous le leur dites ?
Non.

 067  Vous êtes têtu ?
Oui.

 068  Égoïste ?
Oui.

 069  Indépendant ?
Pas tout à fait.

 070  Vous recherchez la justice ?
Non, ça ne m’intéresse pas.

 071  Vous êtes susceptible ?
Oui.

 072  Vous êtes baptisé ?
Oui. Il y a dix ans je me suis fait baptiser.

 073  Vous êtes religieux ?
Oui, je vais à l’église.

 074  Est-ce bien d’introduire à l’école les bases de la religion ?
Tout à fait.

 075 Vous êtes d’accord pour dire que l’église a subi le même état de corruption que les autres couches de la société ?
Les serviteurs de l’église sont des gens. L’église a été créée par des gens comme vous et moi.

 076  Comment s’appelle votre père ?
Il est né le 25 octobre, et on l’a appelé Oktiabrine, bien qu’un tel nom n’existe pas. Le prénom féminin Oktiabrina existe. Il a des frères : oncle Vova et oncle Boria. Pourquoi on l’a appelé comme ça, personne ne s’en souvient.

 077  Quel est le souvenir le plus vif que vous gardez de votre enfance ?
Une honte très forte, quand dans la ville d’Izmail (en Ukraine), tous avaient été pris comme pionniers sauf moi. J’avais de bonnes notes. Ils ne m’ont pas pris simplement parce que je venais étudier chez eux une année.

 078  Comment et en échange de quoi avez-vous reçu votre premier rouble ?
Je l’ai probablement volé.

 079  Combien de langues connaissez-vous ?
L’anglais et le français. J’ai été interprète de guerre, ce qui consistait essentiellement à vendre des armes en Afrique. J’ai vendu des armes à l’Éthiopie et à la Syrie.

 080  Il vous est arrivé de vous trouver dans une zone de combat de guerre ?
Oui, à plusieurs reprises. Je ne me suis jamais retrouvé sous des tirs, mais c’était quand même angoissant.

 081  Est-il vrai qu’on vous a interdit d’aller à l’étranger à cause d’une blague sur Brejnev ?
Oui. Je peux même la raconter, elle est courte : « Brejnev s’approche de son miroir et dit « Pfff encore ce Tarkovski… » » Tu as vu le film Le Miroir ?

 082  Non, et d’ailleurs la plupart des lecteurs non plus.
Eux non plus ne l’avaient pas vu et ils n’ont pas compris. Mais parce qu’il y avait le nom de Brejnev, ils m’ont retiré l’autorisation.

 083  À quelle profession que vous avez exercée reviendriez-vous ?
Réalisateur.

 084  Quelles sont les fêtes civiles que vous célébrez ?
Seulement le Nouvel An je pense... Ah non, Noël, mais ce n’est pas vraiment une fête civile.

 085  Blondes ou brunes ?
ça dépend si c’est une personne bonne ou mauvaise.

 086  Le sexe a-t-il joué un grand rôle dans votre vie ?
Non.

 087  Vous avez perdu votre virginité jeune ?
À 17 ans.

 088  Qui est la plus dure à trouver : une actrice de talent ou une actrice qui est d’accord pour se dénuder ?
ça dépend du film. Pour mon dernier film, j’ai demandé qu’on trouve une jeune actrice prête à courir nue dans la neige. On en a trouvé cinq. On a pris Alisa Chitikova.

 089  Le dernier film que vous avez vu ?
Je n’ai pas encore vu True Grit, mais je veux absolument le voir. Les frères Coen sont des réalisateurs géniaux.

 090  Trois auteurs dont les livres sont sur votre table de chevet ?
Dostoïevski, Hemingway. J’aime aussi Leskov.

 091  Combien avez-vous de maillots de marin ?
Environ huit.

 092  Quand avez-vous eu peur pour votre vie la dernière fois?
Je n’ai pas peur. Je suis prêt à mourir.

 093  La première chose à laquelle vous pensez habituellement le matin ?
Je me remémore mes rêves.

 094  Votre occupation préférée ?
Regarder des films et boire de la vodka.

 095  À quel âge avez-vous bu de l’alcool pour la première fois ?
À 14 ans.

 096  Quelle est votre tolérance à l’alcool ?
Ça dépend. Je bois tout ce qu’il y a.

 097  Que cuisine le mieux votre épouse ?
La soupe.

 098  Pouvez-vous citer une réplique importante de vos films ?
Non. J’y mets mes idées, mon expérience, pas des répliques importantes.

 099  La force, où est-elle ?
Dans la vérité.

 100  Que veut dire FHM?
Je ne sais pas. 

Écrit par Fabien Rothey | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : balabanov, interview, entretien, cinéma russe | |  Facebook | |  Imprimer | Pin it! | | |